Le moins qu’on puisse dire, c’est que du chemin a été parcouru depuis la commercialisation de la première tablette graphique grand public en 1984.
Après avoir perfectionné les tablettes graphiques classiques pour en faire des outils professionnels d’une grande précision, les grandes marques, très largement dominées par le géant japonais Wacom, se sont lancées dans les tablettes graphiques avec écran intégré.
D’abord réservées aux professionnels de par leur prix, celles-ci sont aussi devenues plus accessibles au grand public avec l’arrivée de nouvelles marques aux prix plus compétitifs. Mais alors que ces tablettes continuent de se perfectionner, de nouveaux changements s’opèrent dans le monde des tablettes graphiques.
Les utilisateurs ont une utilisation plus nomade de leur tablette graphique alors que les tablettes tactiles commencent à jouer le rôle de tablette graphique. Et qu’en est-il de la création dans la réalité virtuelle ?
La convergence des tablettes tactiles et des tablettes graphiques
L’arrivée des tablettes graphiques avec écran a permis de rendre l’expérience du dessin numérique encore plus proche du dessin traditionnel. Mais ces tablettes continuent de nécessiter d’être branchées sur un ordinateur (dont elles ne font que diffuser le contenu sur la tablette) et souvent sur le secteur, ce qui fait de ces tablettes des objets à l’utilisation encore bien sédentaire.
Alors depuis quelques années, les utilisateurs souhaitant une utilisation réellement nomade ont commencé à se tourner vers les tablettes tactiles. Celles-ci offraient au départ des possibilités de dessin limitées avec des logiciels de dessins plutôt simplistes et des stylets qui n’étaient pas destinés au dessin.
L’iPad Pro, la plus nomade des tablettes graphiques
C’est alors qu’est arrivé Apple et sa nouvelle gamme de tablettes iPad Pro. Bien qu’elle soit toujours une tablette tactile, donc totalement indépendante, ses performances et ses fonctionnalités la rapprochent de plus en plus d’une tablette graphique autonome.
L’écran 11 ou 12.9 pouces Liquid Retina est d’une qualité remarquable avec une fidélité des couleurs rarement égalée et une luminosité qui permet de travailler quelles que soient les conditions lumineuses. Le processeur M1 lui donne une puissance impressionnante pour une tablette. Si elle a toujours ses limitations, elle permet tout de même de faire tourner des logiciels de dessin très populaires comme Procreate ou des versions tablettes très pratiques des logiciels Adobe comme Photoshop Sketch ou Illustrator Draw.
Enfin, le point fort de ces tablettes iPad, c’est le stylet Apple Pencil. Alors, certes, il est vendu séparément pour la somme non négligeable de 135 euros mais on se rapproche vraiment d’un stylet de tablette graphique. Il est sensible à la pression ainsi qu’à l’inclinaison pour des sensations de dessin vraiment agréable, et se recharge facilement en le posant simplement sur le rebord aimanté de la tablette. Avec un prix allant de 900 à 1200 euros, on n’est pas encore sur un produit accessible à tous mais on peut espérer que les autres marques de tablette tactile suivront bientôt l’exemple d’Apple.
La révolution Wacom MobileStudio Pro, pour les professionnels
Sans surprise, l’autre marque qui révolutionne le marché en faisant un pas supplémentaire vers la convergence entre tablettes graphiques et tablettes tactiles, c’est le japonais Wacom. La marque domine toujours largement le marché des tablettes graphiques malgré l’arrivée de marques chinoises beaucoup moins chères. Ce fait s’explique par la qualité de leurs tablettes mais aussi par leurs capacités d’innovation.
Afin de répondre aux besoins de nomadisme des artistes digitaux, Wacom a lancé le Wacom MobileStudio Pro que la marque présente d’ailleurs comme un ordinateur à stylet plutôt qu’une tablette. Alors, disons le tout de suite, ce produit est réservé aux professionnels, ou au minimum aux amateurs avec un très gros budget, puisqu’on le trouve à partir de 2700 euros pour la version 13 pouces (3600 euros pour la version 16 pouces).
Ce MobileStudio Pro est bien la première tablette graphique avec écran totalement indépendante. Comme une tablette tactile, elle nécessite seulement d’être rechargée mais comme un ordinateur, elle est équipée d’un processeur, d’une carte graphique et d’un disque dur SSD permettant de faire tourner même les logiciels de 3D et de montage vidéo les plus gourmands.
Gros plus : pour lutter contre l’obsolescence programmée, elle est évolutive via une trappe prévue précisément pour cette utilisation à l’arrière. On retrouve en plus les mêmes performances que pour leurs meilleures tablettes avec écran (les Cintiq Pro), un écran Ultra HD aux couleurs parfaitement fidèles et un stylet Wacom Pro Pen passif avec une sensibilité à la pression et l’inclinaison. Mais en véritable hybride, le Wacom MobileStudio Pro peut aussi se brancher sur votre ordinateur pour en afficher le contenu comme le fait une tablette classique avec écran.
À noter que si elle est compatible avec les environnements Mac et PC, en revanche, elle ne tourne indépendamment que sous Windows. Si ce produit reste, comme on l’a déjà dit, réservé aux personnes avec un budget élevé, on peut espérer voir les prix baisser dans les années à venir.
Sans oublier les marques comme Gaomon, Huion ou XP Pen lesquelles, on n’en doute pas, finiront par proposer des tablettes similaires un peu plus accessibles pour le grand public.
Le dessin dans la réalité virtuelle, c’est pour bientôt !
Dès la sortie des premiers casques de réalité virtuelle, on a vu arriver des logiciels dédiés à la création en VR mais ceux-ci s’y prêtent en général assez mal et peu de professionnels du design s’y sont intéressés.
C’est là qu’arrive Wacom, avec toujours quelques étapes d’avance sur tous les autres. Fin 2020, ils annonçaient le Wacom VR Pen. Toujours dans l’optique d’un produit hybride et multi-fonctions, il fonctionne aussi bien dans la réalité virtuelle que sur les tablettes graphiques de la marque.
Pour la VR, le stylet est équipé d’un bouton de retour de force qui simule la pression effectuée sur le papier. Plus on le serre, plus le trait sera épais. Le stylet est aussi équipé d’autres boutons pour remplacer les boutons physiques de raccourcis des tablettes graphiques.
Pour ce stylet, Wacom a même développé un système de suivi propriétaire qui permettra à long terme d’être compatible avec tous les casques. À l’heure actuelle, ce stylet n’est encore vendu qu’aux professionnels partenaires de Wacom mais on peut imaginer qu’il sera rendu disponible au grand public dans les années à venir.
Et qui sait, la marque japonaise donnera peut-être, dans le futur, le goût de la réalité virtuelle aux artistes numériques d’aujourd’hui ?
